Si je devais me souvenir que d'une journée de l'année de mes 16ans, je choisirai une journée de mars. Le matin, je me lève, 6h30, ça devient une habitude. Je me traine lamentablement vers ma tasse de thé, je vais prendre mon train, 7h33. J'arrive à Bascan, on bloque. Je fume, je gueule, blocus quoi. Aimelynn est en galère pour trouver des cables chez Antonin. Je me ramène. On cherche, on ne trouve pas, je pourris un petit coup Antonin au téléphone parce qu'il me saoulait, je descends les 4 étages ( qu'avais je contre l'ascenseur j'ai oublié ) en catastrophe. Je cours vers la gare, je saute dans le direct de 10h18, direction Paris Montparnasse. Je roule des clopes, j'ai du en rouler 8 ou 9. J'écoute de la musique. Je stress. Vanves Malakoff. Je crois que je vais gerber. Je me pose, je réfléchis. Au final, j'en arrive à la conclusion que je suis ridicule de stresser comme ça. " Paris Montparnasse, terminus du train ". JE VAIS MOURIR ! La porte s'ouvre, je recule au fond du wagon, les gens me regardent même pas, c'est marrant, en fait non. Je descends, je marche le long du quai, clope à la main. Mon portable sonne, je décroche. Ah, me voila partie pour attendre 20 minutes, quelques part, ça me dérange pas, loin de la. Je m'assieds donc sur un banc. Et la, un putain de pigeon unijambiste ( je déconne pas ) vient me ( tenir la jambe ? non c'est pas drole, pauvre pigeon ) tenir compagnie. J'écoute ma musique, regardant les allées et venues des voyageurs stressés. Eh je suis pas la seule. Les 20 minutes s'écoulent comme si ce n'en était que 5. Mon portable sonne " Je suis la ". Je ramasse mon coeur qui venait de sortir de ma poitrine et je fais le tour. " Je t'attends devant le panneau des arrivées ". Je vais au panneau des départs. Je regarde. Je rigole toute seule en pensant que je suis vraiment conne. Je repère Julyan ( et ouais, c'est de lui dont je parle depuis le début ) qui a bien une tête de Julyan ( tant mieux ). Mon estomac et mon coeur reprennent leur place respective. Je rigole encore un coup toute seule, ça c'est le soulagement. J'avance. " Salut ! ". Je me suis marrée toute la matinée en fait. Ce qu'il disait n'était pas spécialement drôle, mais c'était sa manière de le dire. Et puis on a du retourner à la gare. " Je vais prendre le métro ", et moi je vais à l'arrivée des grandes lignes. A la prochaine. Allé, on y va, je vais être en retard, je me tape les étages en courant. J'arrive devant les quais, et j'entends mes lycéens gueuler. Je débarque, Antonin ne me voit pas, Julien si. Papotage vite fais. " Ou est Aimelynn ? " Finalement, je la retrouve. Mais on a trop à gerer pour que je puisse lui raconter ma matinée, je lui dis juste " C'était cool " et on se retrouve à hurler " BASCAN LES BANDEROLES DEVANT " " AU METRO ! ". On avale les dédales du métro avec nos cris et nos slogans. Je dirige vite fais. On arrive à Luxembourg, on sort de la bouche de métro et PUTAIN ! Des gens partout, sur les cabines téléphoniques et les abris de bus qui chantent et qui gueulent. J'ai passé ma journée à marcher à reculons. Ca m'a tué, mais putain qu'est ce que c'était bon. Première manif à Paris, ça changeait de celles de Versailles. Et on est rentré, éclatés, exténués, les jambes en compote, mais je regardais Aimelynn et je me disais " PUTAIN DE BORDEL A QUEUE ! ON L'A FAIT ! ". Cette journée, je pourrais la revivre milles fois. Les deux autres manifs à Paris, je pourrais les revivre presque autant de fois aussi, parce que j'avais la main d'Aurore dans la mienne. Et rien que ça, c'est terrible !